dimanche 11 juillet 2010


La fin de l’année scolaire :

Très souvent, l’année se termine par une petite fête, à laquelle sont invités parents, amis et notabilités du village. C’est l’occasion de récompenser les meilleurs élèves en leur remettant des prix (souvent un cahier ou un stylo, un dictionnaire aux 2 premiers de CM2). C’est un moment très attendu, les Sénégalais aiment les récompenses et les décorations, c’est un signe de reconnaissance de l’ensemble de la population. Suivent ensuite une petite fête bien sympathique, avec chants, danses et récitations. J’ai pu admirer tous ces enfants danser de 11h à 18h sans s’arrêter, avec un sens du rythme que je leur envie !

Un groupe de danseuses avait fait confectionner des costumes et appris de magnifiques danses qui ont enthousiasmé le public.



Repas en commun et selon la tradition

Pour clore l’année, un repas traditionnel s’impose. Les mamans s’affairent autour des marmites pour faire cuire le riz ou autour des 75 kilos d’oignons à éplucher et couper.









La joie des élèves


Démontage des classes

Comme les 8 classes de Goudomp sont abritées par des huttes, nous avons démonté les toits pour éviter qu’ils ne soient endommagés par la pluie de l’hivernage. Je vous joins quelques photos. Sur l’une vous pouvez voir les enfants debout sur des poutres qui ne tiennent plus. Ce sont eux qui ont défait tous les « crintings », ces palissades tressées. J’ai toujours eu du mal à croire aux miracles, mais que personne ne soit passé à travers cette couverture précaire, c’en est certainement un. On a juste vu une jambe passée à travers à un moment, mais les autres ont eu le réflexe d’en retenir le propriétaire.

A l’école nous n’avons pas de pharmacie, aucune assurance ! Ouf !!!

Les élèves de CM2 passent un examen d’entrée en sixième et leur certificat de fin d’étude, examens difficiles, dont ils n’auront les résultats qu’en septembre !


Triste spectacle d’une école qui « ferme » ses portes pour 3 mois !


Que vont faire ces enfants pendant 3 mois ? La plupart vont aider leurs parents aux champs. Ça va être la période de défrichage des champs et des semis de mil, maïs, sorgho, arachides, riz, etc.

Il y a beaucoup de travail à cette période des pluies, surtout que tout se fait la main. J’ai vu peu de charrues en Casamance. Les gens retournent la terre avec des « dabas », sorte de larges pioches.


Espérons seulement que ces pluies tombent abondamment, sans générer trop de dégâts par leur violence.

Ciel d’orage à Simbandi

Les orages sont parfois violents et entraînent des dégâts importants, sur des habitations bien souvent précaires, voire des victimes.

Ici, la chute d’un arbre sur la maison de sages-femmes à Simbandi, lors de la première pluie. Heureusement, que des dégâts matériels sur la maison et … une grande frayeur.

lundi 19 avril 2010

Les arbres fruitiers

Casamance, royaume des arbres fruitiers


Le manguier

La Casamance regorge d’arbres fruitiers, en particulier d’orangers, mandariniers, citronniers, papayers, goyaviers, bananiers,manguiers et anacardiers et sans doute d’autres que j’ignore encore. Tandis que l’on mange des bananes toute l’année, la saison des oranges se terminent. Ce sont les mangues qui prennent le relais.






Tout au long de la Casamance, de magnifiques manguiers se dressent, couverts de fruits plus ou moins gros, certains pouvant dépasser 500g. Avant qu’ils ne soient mûrs, on peut en faire une délicieuse compote. Les enfants adorent les manger encore verts. Apparemment cela ne les dérange pas. Une fois, mûrs, ils sont transportés par camions entiers pour être exportés pour la plupart. Le manguier en Casamance sert d’arbre à palabres sous lequel les hommes aiment à se retrouver. Son ombre est particulièrement appréciée.

L’anacardier

En France, tout le monde connaît les noix de cajou, ces succulents fruits secs que nous avons
l’habitude de prendre à apéritif. Beaucoup sont exporté
s du Sénégal. A partir d’avril c’est la pleine saison de la noix de cajou. Le véritable nom de l’arbre est anacardier, qui a été exporté du Brésil. C’est un fruit curieux, qui se situe au bout d’un gros pédoncule qu’on appelle ici pomme cajou. Cette pomme se mange crue, mais on en fait aussi des compotes ou salades de fruits. Elles sont surtout récoltées pour en récupérer le jus qui va donner du vin de cajou, dont les Sénégalais raffolent et même de l’eau de vie, (comme avec nos pommes).



Cependant, ce sont les noix que
l’on récupère. La plupart de celles-ci sont exportées pour être conditionnées. Quelques-unes sont gardées et préparées par les paysans pour la vente locale. A Oussouye, ville de basse Casamance, une association assure son propre conditionnement. C’est un travail minutieux. Joseph, le responsable, nous a expliqué les différentes étapes. Il faut d’abord ramasser les fruits tombés, séparer la noix de la pomme. On place les noix dans une espèce de cocotte pendant une heure afin que la vapeur ramollisse les coques et détache les fruits à l’intérieur. On fait sécher les noix pendant 4 ou 5 heures (plusieurs jours pendant la saison des pluies) et avec une machine on casse la coque en deux pour récupérer l’amande, sans l’abîmer. Les coques, qui contiennent de l’huile, sont un excellent combustible qu’on
utilise pour faire chauffer l’eau. On place les amandes dans un four pour les faire griller pendant une vingtaine de minutes. Une dernière vérification pour ôter les pellicules qui resteraient (comme celles qui enveloppent les arachides) et on les conditionne pour les vendre.




Le palmier à huile

Autres arbres présents en Casamance, les palmiers à huile. Les habitants y récoltent leur vin de palme. Ils grimpent pieds nus le long du tronc, pouvant atteindre une dizaine de mètres, maintenus par une ceinture faite avec les feuilles du palmier. Ils placent en haut du tronc une bouteille ou une calebasse et font une saignée. La sève récoltée constituera le vin de palme qui deviendra de plus en plus fort et âpre si la durée de conservation dans des jerricanes en plastique perdure.

Ces palmiers donnent des fruits en grappe : les noix de palme qui contiennent une amande. Celles-ci sont écrasées pour faire de l’huile de palme qui parfume de nombreux plats locaux.



























Le bananier


Dans la région de Goudomp, les bananiers poussent assez facilement. Il leur faut de la chaleur et de l’eau. Le bananier est un petit arbuste qui porte un seul régime de bananes, pesant une quinzaine de kilos. Il faut souvent les étayer en fin de maturation. Une fois le régime cueilli, on coupe l’arbuste et du pied en part un autre qui donnera des bananes 9 mois plus tard et ainsi de suite. On peut donc manger des bananes toute l’année. De nombreuses concessions ont un ou plusieurs bananiers et les femmes se font un peu d’argent en vendant leurs bananes sur le marché ou à domicile.
Dans la région, on trouve quelques bananeraies de plusieurs hectares qui sont exploitées par des coopérateurs. Chaque paysan est responsable de sa parcelle. Les bananiers sont plantés par quatre, à chaque coin d’un carré. Pour les arroser, on creuse des forages profonds qui permettent d’alimenter soit des gouttes à gouttes au pied de chacun, soit des canaux bénéficiant de différents systèmes de fermetures et de déviations pour permettre à chaque parcelle d’être arrosée. Les bananeraies ont en général leurs clients attitrés qui sont livrés chaque semaine. Beaucoup partent en Guinée. Pour les paysans qui bénéficient du système, c’est une source de revenus appréciable et régulière. Bien sûr, on n’a rien sans mal et cela demande un travail exigeant et régulier.



lundi 29 mars 2010

Indépendance

Le Sénégal fête cette année le cinquantenaire de son Indépendance, comme plusieurs pays africains. C’est l’occasion pour ce jeune pays de faire un rappel historique de son passé, en ce qui concerne en particulier la période de l’esclavage et celle du colonialisme. C’est l’occasion aussi de faire le bilan de ces 50 ans. De nombreuses festivités se déroulent à cette occasion dans tout le pays. Les Sénégalais aiment les fêtes. C’est vrai que les occasions de s’amuser ou de sortir dans notre région de Casamance ne sont pas nombreuses. A Goudomp, les premières festivités ont eu lieu le samedi 20 mars, pour lancer cet anniversaire. La fête nationale a lieu le 4 avril, jour anniversaire de l’Indépendance. J’ai assisté à cette première fête et vous donne mon sentiment. Plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées au stade municipal. Toutes les autorités s’y trouvaient : préfet, sous-préfets, maires, présidents de communautés rurales, chefs de villages, représentants religieux, responsables des différents services, ONG ou écoles. Le maire de Goudomp a accueilli tous ses hôtes et le préfet a rappelé l’histoire de cette Indépendance et insisté surtout sur l’avenir de son pays pour que chacun relève le défi du développement, dans un esprit de paix. Puis, pour expliquer un peu l’histoire de cette indépendance, 2 personnes, sous forme de dialogues ont rappelé les principales étapes de manière très décontractée et humoristique. De cette première partie, je retiendrai l’émotion qui s’en est dégagée. Ils sont fiers de cette liberté retrouvée et ont envie de parvenir à se sortir des difficultés. Plusieurs anciens m’ont parlé de ce qu’ils avaient ressenti, il y a 50 ans, quand on a hissé pour la première fois leur propre drapeau, symbole de leur liberté retrouvée. Ils entretiennent cette flamme chez les jeunes en levant chaque matin les couleurs avant l’entrée en classe. Ces mêmes personnes m’ont affirmé qu’ils ne savaient pas ce que ça voulait dire Indépendance et qu’ils n’ont pas vu de changement dans leur vie quotidienne, mais que ce mot « LIBERTE » a pris tout un sens pour eux. Quand je vois tous les élèves, le regard tourné vers le drapeau qui s’élève, je comprends ce que les anciens leur ont transmis et que pour eux aussi c’est un symbole de liberté.
La deuxième partie était animée par un défilé des différentes écoles de Goudomp, des primaires aux lycéens, défilé un peu militaire, mais dans une discipline et un sérieux exemplaires, suivi des différents clubs sportifs, avec démonstrations d’arts martiaux en particulier avec le plus jeune participant âgé de 4 ans et demi. Enfin les groupes ethniques ou les représentants des différents villages avec leurs danses traditionnelles. On sentait à travers ces manifestations, une joie réelle et surtout une spontanéité parfois absente de nos spectacles en France trop « rôdés ». C’est impressionnant de voir toute cette jeunesse rassemblée et vibrant au moindre rythme. D’ailleurs l’image première qui me vient quand je parle du Sénégal, c’est toute cette jeunesse. Il suffit de se rendre sur la route principale d’un village avant la rentrée des classes pour voir ces grappes de jeunes qui « envahissent » la chaussée, et le mot ne me semble pas abusif.
Alors un souhait : que tous puissent avoir accès aux droits élémentaires auxquels ils peuvent prétendre : la nourriture, la santé, l’enseignement et le travail. Alors le mot liberté aura tout son sens pour chacun. Mais soyons conscients : les pays riches doivent s’engager à côté de ces pays et respecter leur engagement.














mardi 9 mars 2010

Quelques nouvelles des écoles


Quelques nouvelles des écoles. D’abord, il faut que je vous dise que le père Noël existe. En effet, le élève de CM, CE2 et CP était doté d’un livre de math et de lecture. Première fois que les maîtres voyaient cela, même eux étaient fous de joie. Je suis allé aussitôt les chercher. Quand je sui arrivé sur la cour de récréation, les enfants se sont précipités et ça a été une véritable clameur. Je pense que ça va aider les plus grands au moins à lire. A la première séance de lecture en CE2, les élèves ne savaient pas par où l’on commençait la lecture, et lorsqu’on a eu fini la page de gauche par où il fallait continuer ! Pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils avaient un livre entre les mains ! On a du mal à imaginer ! Merci Père Noël ! Comme quoi, il faut toujours y croire. J’espère que ces livres les aideront à mieux comprendre le français.

En effet, Il y a vraiment un taux d’échec important. Le principal problème étant celui de la langue. Pour vous donner un exemple, j’étais en cours de soutien avec des CE2, qui ne comprenaient pas le mot charbon, alors qu’ils en utilisent pour faire cuire leurs aliments sur des fourneaux. Un des enfants l’a traduit dans le dialecte de son ethnie, le Peuhl, puis l’autre en Mandingue, un troisième en Wolof, un autre en Mancagne, puis en Balante, pour terminer en Sérère, sachant que les ethnies ne se comprennent pas toujours entre elles. Ces différents dialectes ne facilitent pas l’apprentissage de la langue. Il m’est arrivé de réprimander un élève et j’ai demandé à un enseignant de traduire. Il n’a pas pu et a lui-même demandé à un élève plus grand de la même ethnie de le faire. Au moins le français permet de se comprendre, encore faut-il bien le parler !

dimanche 24 janvier 2010

La danse



Après le déjeuner, les femmes ont dansé selon la tradition balante. Deux jeunes jouent sur un grand balafon, tandis que des femmes frappent des morceaux de bois, style castagnettes. Une ou plusieurs femmes entrent dans le cercle et traversent la « piste » en frappant le sol d’un seul pied (nu) en général selon le rythme donné qui s’accélère au fur et à mesure. Quand elles sont fatiguées, elles reprennent leur place et d’autres les remplacent. Un seul homme a dansé, apparemment c’est plus l’affaire des femmes. Pendant une heure, sans arrêt, elles se sont succédé au son de ces rythmes plus ou moins endiablés, même celles qui portent leur bébé sur leur dos ou les femmes plus âgées. Elles s’amusent beaucoup et chacune s’exprime assez librement, du moment qu’elle tape du pied. Les spectateurs participent en applaudissant au rythme des « castagnettes ». Je vous laisse imaginer la poussière soulevée et le bruit assourdissant. Il n’y a pas besoin d’enceintes ! C’est en tout cas une belle fête très sympathique.


Encore la danse, inimaginable en France :

Les enseignants de l’école de Goudomp ont organisé un bal pour faire quelques bénéfices qui permettront de réaliser une fête de fin d’année. C’est aussi ce qui se pratique en France. Sauf que là, c’est un bal d’enfants, de 6 à 14ans. Quelques parents y ont participé, mais on les compte sur les doigts de la main. Horaires de 18h à 23h ? Je suis arrivé vers 19h30, il faisait noir et là j’ai découvert 250 enfants (80 m² environ) qui dansaient dans une petite salle complètement noire. Un seul point d’éclairage de la valeur d’une pile électrique. On ne pouvait reconnaître personne. Une seule ouverture de 1,50m. Je me remémorais les conditions de sécurité en France. Les enfants, eux ne tiennent pas compte de cela et s’en donnent à cœur joie. Ils ont vraiment le rythme dans la peau. Pourquoi ne suis-je pas né en Afrique ?

Puis, soudain coup de théâtre ! Quelqu’un lance que les rebelles casamançais ont envahi un des quartiers de Goudomp. Panique générale à bord, bousculade, les plus grands ne s’occupent plus des plus jeunes, beaucoup pleurent, il est impossible de canaliser la sortie. C’est un véritable miracle qu’il n’y ait eu aucun blessé ! Je comprends l’utilité des exercices d’évacuation en France qui doivent permettre d’éviter la panique et les accidents qu’elle entraîne. Mais chose extraordinaire aussi, en 2 minutes, il n’y avait plus un seul enfant. Certains maîtres aussi avaient pris la poudre d’escampette sans s’occuper des élèves ! A 21h dans la nuit noire, seuls, malgré la menace, ils sont rentrés chez eux, par où, comment avec qui ? C’est encore un mystère pour moi. Les enfants sont beaucoup plus indépendants qu’en France. Ils traînent souvent tout seuls dans les rues très jeunes (dès 4,5 ans), les parents ignorant où ils sont. Ils savent qu’il y aura toujours quelqu’un pour intervenir en cas de problème.

Pourquoi une telle panique ? La Casamance est enclavée entre la Gambie anglophone et la Guinée-Bissaau, séparée du reste du Sénégal. A cela s’ajoutent les difficultés d’accès. C’est une région qui se dit délaissée du pouvoir. Certains Casamençais ont prôné son indépendance. Ces indépendantistes ont été pourchassés par le pouvoir et se sont cachés dans la brousse ou en Guinée après une répression violente en 1982. Ils ont commis des exactions auprès des populations et cela a laissé des traces. Le mouvement a perdu beaucoup de sa popularité. De nombreuses mines ont entraîné bon nombre de tués, d’estropiés et de déplacements de population. En 2007, des accords ont été signés entre le gouvernement et ces rebelles et l’étau s’est desserré un peu et jusqu’ici, c’était assez calme. Or, depuis le début de l’année, certains groupes ont repris leur activité, tuant la semaine dernière un jeune à 5 Km de Goudomp, si bien que de nouveau la peur s’installe, d’où ce mouvement de panique suite à ce qui n’était finalement qu’une rumeur. Mais la peur est telle que les autres manifestations prévues ont été annulées, ce que je trouve très bien étant donné cette absence de sécurité totale. C’est dommage pour les enfants qui s’en faisaient une vraie fête, pas si fréquentes pour eux, mais